2007 - Rimbaud, la parole libérée
Montpellier Opéra comédie
Production Opéra National de Montpellier / Ombre&Parenthèses
Soutient du CRATERE scène nationale d'Alés, du CNR et du CCN de Montpellier
Opéra de chambre
Opéra de Marco-Antonio Pérez-Ramirez
Livret de Christophe Donner
Chorégraphie, mise en espace et costumes de Laurence Saboye
Création lumière: Patrick Meeus
Vidéo : Camille Boissière, Laurence Léonard-Sytnik et Axelle Carruzzo.
Avec Marie-Annick Belliveau (Arthur Rimbaud), Chantal Perraud (Paul Verlaine), Leif Anruhn Solen (Ernest Delahaye), Christine Tocci (Madame Paul Verlaine), Raphaël Brémard (un juge), Lisa Tyrell (Madame Vitalie Rimbaud, mère d'Arthur)
Danseuses: Isabelle Dufau, Natacha Liège, Laurence Saboye
Direction musicale: Jérôme Pillement
"... le sujet ne l’ouvrage n’est pas tant Rimbaud que la parole libérée, à savoir le temps que suspend l’extérieure ponctuation d’un procès – la déposition de Bruxelles, consécutive aux deux coups de feu par lesquels Verlaine blessa le jeune Rimbaud au poignet –, un temps où tout devra se dire, de l’amoureuse violence à l’abjecte tendresse. Car il est ici constamment question d’amour et de sexe, on s’en doute, la scène livrant l’intensité d’un rite volontiers charnel, avec ses spasmes, ses fatigues, ses recommencements, ses mirages, ses abandons, ses soupirs, ses dégoûts, ses sueurs, ses frissons. Si, pour ce faire, l’hermétique expérimentation aurait tant échoué à transmettre qu’un dispositif « traditionnel », l’absorption des sens,imaginée par Pérez-Ramirez – il ne s’agit pas d’un opéra avec de la danse et de la vidéo, mais bien plutôt d’un nouvel animal qui n’aurait vu le jour sans elles, et c’est la raison pour laquelle la pluridisciplinarité semblera elle-même un terme impropre – va droit au but.
Sur le livret plusieurs fois remanié de Christophe Donner, les complices du compositeur révèlent d’autres contours, pourtant bien strictement musicaux (dans une acception étymologique). Ainsi les plasticiennes Camille Boissière, Axelle Carruzzo et Laurence Léonard Sytnik magnifient-elles les situations sur grand écran – au lyrisme naïf s’y oppose la crudité d’un entre les lignes peut-être indicible, alors qu’au verbe provocateur (automutilateur, peut-être ?) se superpose d’insoupçonnés et ludiques apaisements –, les danseuses Isabelle Dufau, Natacha Liège et Laurence Saboye élevant, dans la chorégraphie et mise en scène de cette dernière, une forme inquiétante de lenteur, étrange créature qui gardera ses monstruosités secrètes, mais toute de sensualité..."
Bertrand Bolognesi, Anaclase, 2007
http://www.anaclase.com/chroniques/rimbaud-la-parole-lib%C3%A9r%C3%A9e